Distrait par l'été des Indiens
au cœur duquel à l'époque de l'innocente Chippewa
je traversais le ciel
parfois
il m'arrive de me prendre en pitié
alors que porté par le vent
je bouscule les horizons

Pourquoi me laisser seul dans mon empyrée
empêtré dans mon origine canardé
par tous les sadiques du pow-pow

J'ai du plomb dans l'aile mais
l'art dentelle console comme il peut peu
l'homme de plume à plumes que je suis
et lorsque je n'ai plus rien à gober
il me naît sous l'elle une autre
historieuse extraite de mes calumettes souffreuses

      je le dirai

avec des fleurs tu me plais bien mais je ne t'aimyosotises pas
avec des épines tu me sausurres de trop amoureuses obscénités
avec les bras en croix crisse éloigne de moi ce calice
avec un sourire en coin je demeurs inébranlable
avec les larmes aux deux tu es une femme merveillyeuse

      je le dirai

en chantant tout fruité a-wop-bop-a-loo-bop-a-lop-bam-boom
en criant i need you i want you but there's no way i ever gonna love you baby don't be sad three outa there ain't bad
en marchant sur les mains l'amour est une invention hégélienne
en priant pendant des siècles et des siècles a'm'aime
en jujubilant sous la langue banderollée le cœur écroué

      Ta peau si douce qu'il me suffisait de la toucher pour être troublée. Ta peau qui pour moi était le résumé du silence.

      Ta toison fournie où j'aimais promener mes doigts pour qu'en échange elle émeuve ma paume.

      Tes cheveux odorants.

      Tes deux épaules où je posais les mains, te regardant droit dans les yeux. Tes deux fesses que je rejoignais en laissant glisser mes doigts sur tes flancs.

      Tes seins l'aréole brun pâle le mamelon.

      Ton ventre de caresses.

      Tes lèvres que mes doigts rendaient pulpeuses.

      Tes nymphes oui.

      Ton clitoris, tu te souviens, je l'appelais le rieur discret.

      Tes cuisses tes genoux tes mollets tes chevilles tes malléoles tes pieds tes orteils.

      Simples mots. Et peu à peu je te façonne. Signes qui me livrent le corps aimé et me consolent de son absence. Un peu de salive sur la page et tu vivras. Non. Mes larmes plutôt.



j'aurai ta peau mon amour
je te jure que je l'aurai
torse ventre toutes pores

oh mon bel aas de cœur
ma laiche au dos blanc
oh ma nécrophile oh


Ma rossinante philo.
Sonnez buccins
résonner olifants
éclatez ophicléides


rouge vivre d'hiver
le cœur béant givre
buée condensée vocale

l'ours solaire
immémorial grizzly

après le chaos force attractive
entre les êtres et les choses
cohésion de l'univers
ne pas oublier non plus
son idylle avec psyché

Crisse si nous le savions.

You may as well laugh.

Il y a de ces jours.

J'en suis témoin.

Ich wünsche Dir was.

Ça m'amusidère.

Réflexions in a golden ∆.
Vive la gommunication.
L'enfer c'est en rut miner les mots mots des autres.
Vous êtes si angélisse.
Amen analchronique.
Mon (a) de dans le (mon) de.
Amen bis.



un fruit me mange
des objets m'observent
des choses me touchent
des sons m'entendent
des odeurs me sentent
le sperme m'éjacule
les selles m'excrètent

plusieurs tonnes d'orchidées
quelques vices et beaucoup de tendresse
des orgasmes à en dessécher ta moelle
des élèves tous sans exception amoureux de toi
des bains de sperme recueilli dans la baignoire de ta fantaisie les
observant se tordre du plaisir crossant sous les couvertures en
pensant à toi
des pots de confitures si douces que le monde se métamorphose en
palais sucré
des cru(e)s de vin blanc si exquiquid que chaque jour t'inonde d'un
bonheur de grappe
des logosses sublimes drôles et dévergondé/e/s
un (n)ex(t) mari marrant doux et compréhensif
une soeur psilécologaie tout oreilles (et tout yeux)
une tante toute sœur clodailentillée et delaunesque
une récolte de colt
des bouteilles de frangelico vastes comme l'étrusque italie amorrosante

et quoi encore ma belle dame

un dinner party accompagné de 999 baisers tisanés en bleu
un tapis magique une licorne savante un crocodile immémorial un
cerf-volant couvert de secrets
un scarabée toutes saisons une pierre (de touche) troublante un
calumet de paix inextinguible
des livres carnivores de tortues
la science du dedans
des rêves en pleine mer
du superflu de l'inutile de l'extravagant
la maison du forgeron


Quadrature

I

Sur mon flanc la cicatrice immémoriale
           (la biche apprivoisait la flèche).
Au cœur des branchages le craquement du feu
le silex de mon ouïe derrière chaque tronc.

Dans cette forêt les visages avaient des mains pièges
                         les ruisseaux des yeux d'épervier
                         et des pattes lourdes de velours.
                         Les nuits des ruses de fleurets.

Je vivais à côté des sentiers
Il m'observait de loin.
Si j'avais transgressé son territoire
il aurait été sans merci
(je ne fréquentais qu'un petit étang)

Je ne dormais pas
je fourbissais mes sabots.
J'apprenais à sculpter des boucliers
                                 avec mes dents.

Les feuilles mortes se décomposaient
                                 dans mon sexe
la tourmente broutait à l'orée
je traversais les saisons.
Je me nourrissais de concombres
de baies sauvages de racines.
J'avais des yeux
                         de sable.
J'ouvris les yeux Janus me prit
par la main
                  jumelle et tam-tam.

Je saluai le cyclope. La cible de l'œil.
Je me dépêtrai. Je rendis les armes.
Plus besoin de mes dents.
Je voulais grimper jusqu'à son oreille
(juste pour voir si lui il entendait)

Donc je m'approchai à pas feutrés
(je gribouillai un ours dans ma paume)
du trèfle au bout des doigts.
Je lancerai des osselets.
Je claquerai des mains.
Je toucherai la pointe de son silence.


II

                     J'effleure ton talon
tu te penches pour te gratter.
                                Tu m'aperçois.
Je dessine mon nom sur ton front.
Tu souris indécis (petite ricane)
tu regagnes ta tanière ondoyant.

Mes mains papillons étrillent la crinière
des jours. Paix.
Je connais l'emplacement de ton antre.

Il y a longtemps dans un beau pays lointain
j'avais croisé une couleuvre vert et or.
J'ai appris le chant des tranchées
                le dépistage des méandres.

J'ai envie de pleurer.
Pas seulement à cause de toi
(qu'importe).
                     Les flocons tombent
je me recroqueville dans le fourreau de la patience
                              enneigée de crocs.

Je suis l'écureuil argenté tu me verras
(même si les chips tu n'aimes pas).
Glissant impalpable absent
tu m'entendras.

J'ai attaché un mot au cou de la renarde
rousse elle s'est glissée
                                   dans ton repaire.

Cuisses sauvages
les yeux en bandoulière
mes larmes mordent le pain
de ton ventre ongles dans ton écorce.
Fais-moi une place dans tes mains
(même si les noix salées tu n'aimes pas).

Je dérive étendue sur ton ombre
tu suintes comme une fresque.
Tu portes les cornes du silence
je m'y use les dents.


III

Érection de momie
tu baisais absent le cœur empaillé
pine mécanique le sablier du plaisir
à heure fixe les caresses
comme des questions écartées.
Tu t'enfantômais matador clapotait
                          ton sexe dédale
carotte hiémale.
Tu m'enfoutrais cendres et glaces
tendresse creuse présence minimale.

Désert de toi à hurler
j'étouffai mes mots charognes
je ne savais pas qu'un nom
pouvait être si tranchant.
Tes phrases comme un labyrinthe souris
                               je sanglotais oasis à naître

Sans âge j'avançais mendiante
tu faisais don de tes énigmes.
Tu me coupais les mains
je marchais dans mon sang borgne.

J'aurais voulu crier vomir
Tu m'étranglas. Je n'avais pas mal.
                        Je fis la morte.

                                    Un jour
j'en parlerai plus clairement
coagulée.


IV

Le gnome a déserté la place
je n'ai plus peur de l'absence.
Il m'a craché dessus
j'ai pleuré puis haussé les épaules.
                      Je ne crains rien
j'ai des yeux au bout des doigts.

                        Je mourais bâillonnée
j'ai aimé à petit feu
je vis rage flamme
                            (le nain a vidé mes lieux).

Je renoue mes écheveaux
je débride mon souffle
je n'avais pas vu ses échasses mensonges.
Quand un géant en est privé
Il fuit                                   (comme
un nuage mouillé un rat d'égout)

Parfois encore un flash incandescence
je mets mes lunettes fumées
                                   (je me bidonne)
À l'occasion un rêve colombe
esclaffée je me réveille
                  les poings bien ronds.

                               Je n'oublie pas
je marche.
Je ne tremble plus
je n'attends plus
                               j'avance.